Biographie

L’engagement téméraire de l’amour vers l’incertain

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Aurore écoute et observe, dessine et sculpte, façonne et martèle, bâtit et assemble. Née dans une famille aimante, et de créateurs autodidactes, elle traverse l’enfance et l’adolescence au contact du beau et de l’authentique, dans un village rural, au cœur d’une nature proche et préservée avec sa vie sauvage, mais aussi, nourrie par le pouvoir de fécondité onirique d’un château médiéval, austère et protecteur, propriété de ses grands-parents où elle séjourne régulièrement.

C’est à cette époque qu’Aurore commence à s’exprimer par le dessin, la peinture, les collages et le façonnage d’objets en matériaux malléables. Cette envie va guider ses premières orientations et formations professionnelles.

Cet avenir va être brutalement interrompu par un choc de vie: la naissance de sa fille, très grande prématurée, suivie aussitôt par la déclaration d’une maladie rare mobilisant dés lors et jusqu’à aujourd’hui, une présence constante à ses côtés.

C’est avec cette nouvelle “stimulation-épreuve” qu’Aurore trouve un équilibre par un regain de créativité. D’abord dans la peinture où le trait s’affirme et où elle ajoute plus de nuances de teinte et de contraste. Puis apparaissent les premières « sculpture-objets » de décoration. Si le plaisir du volume en trois dimensions vient peu à peu, la présence de ces objets manque de sens et d’émotion.
C’est alors qu’avec les mêmes matériaux déconstruits, elle crée la première esquisse des « personnages-objets ». Ce n’est qu’après la troisième esquisse qu’elle les baptisera « les âmes de bois de fer ». La lignée des » œuvre-personnages » est née.

Au même moment l’augmentation de leur taille correspond à un besoin de plus de contact sensoriel avec la chaleur du bois et à une présence plus affirmée ; Pour chaque « âme bois de fer », après avoir choisi une personnalité tirée du monde mythologique, l’artiste prend connaissance de son histoire avant d’en rassembler les éléments physiques et les attributs qui la caractérise ; libre à elle ensuite de traduire l’ensemble à l’aide du bois sculpté et de les habiller d’une véritable dentelle de fer cousu comme les plates d’une armure médiévale.
Cette période révèle aussi le besoin impérieux d’Aurore de s’impliquer physiquement par l’effort intense et constant pour façonner le matériau brut de l’écorçage avant le premier traçage de l’épannelage, en passant par la taille approchée, jusqu’au ponçage de finition où le toucher du bois rejoint le grain de la peau la plus délicate. Tout autant, le métal présent sous la forme des objets usuels, reçoit un nouvel emploi et parfois une nouvelle forme par de multiples traitements tel le découpage, le martelage, le pliage, le perçage et enfin l’assemblage par « couture-ligature » au fil d’acier.

Chaque “œuvre-personnage” requiert une longue rencontre pendant laquelle se construit comme une complicité et une intimité qui oblige à pourvoir au mieux à ses besoins.

Dans sa tenue, dans son équipement et dans sa posture, tous les matériaux trouvent leur juste et évidente place pour composer un ensemble harmonieux. Le processus de création va d’une idée générale au particulier et à la singularité d’une découverte. Le figuratif épuré du corps, visage et membres, contraste aujourd’hui avec la richesse et le détail des vêtements qu’ils soient très couvrants ou minimalistes.

Le parti-pris du visage sans trait correspond sans doute aujourd’hui à un état d’esprit proche de la pudeur et tout autant à une intention de doter ses sculptures d’une personnalité universelle et intemporelle. Aussi existe la jubilation chaque fois renouvelée, revécue, d’une présence naissante à accompagner jusqu’à maturité. Ces « Âmes de Bois de Fer » devenues amies, l’accompagnent un temps de vie dans un processus de catharsis.
Ainsi dotées de leur propre pouvoir, elles sont alors prêtes à rencontrer d’autres regards et d’autres sensibilités.